Mercredi 24 décembre 2014 - Nuit de Noël (année B)

Horaire : 21H30

Equipe liturgique : Jacqueline Gentils, Sylvie Bargain, Laurène Veillon, Pierre Veillon, Luc Veillon



Accès au lectures du jour

Intentions demandées : 

Obsèques de la semaine : 

Régine Dautain

Prière universelle 

Pour tous ceux qui souffrent de solitude et d'abandon, tu viens offrir la lumière de ta présence et de ton amour. Que ton Église ne cesse de la proclamer et d'en témoigner en actes et la vérité

Pour tous ceux qui sont victimes des spoliations, des guerres ou des attentats, tu viens offrir la paix à faire grandir. Inspire les hommes qui travaillent à la solution des conflits actuels et à la réconciliation des peuples.

Pour tous ceux qui ont perdu la joie de vivre, tu viens nous révéler la force et la prière de la foi. Inspire de nouveaux apôtres pour faire découvrir ton visage d'humanité et de fraternité.

Pour tous ceux qui sont malades, tu viens avec un message de compassion et d'espoir. Donne-nous d'être témoins de ta vie et de ta Résurrection près de ceux qui souffrent ou désespèrent.

Veillée

SCENE 1 :

[Mauricette vieille ; Firmin ; Roseline]
Mauricette est située au centre sur une chaise, elle coud. Deux enfants accourent.

Mauricette : Juste ciel, voilà encore les gosses qui viennent m'embêter !

Les deux enfants s'assoient auprès d'elle.

Firmin : S'il te plaît, tante Mauricette, raconte nous ton plus beau Noël !

Mauricette : Bien sûr, mes petits Firmin et Roseline. Installez-vous bien confortablement.

Roseline : Chic alors, tu racontes si bien les histoires, tante Mauricette !

Mauricette : Je vous préviens, le début n'est pas des plus joyeux. Tout d'abord, savez-vous ce qu'il s'est passé il y a soixante ans dans notre pays ?

Firmin : Bien sûr, quelle question ! C'est quand St-Mesmin, il a tué le dragon !

Roseline : Mais non, abruti, c'est le moment où Jeanne d'Arc elle a cramé !

Firmin : Ah bon ? Je savais pas que Jeanne d'Arc avait été brûlée ici, à La Chapelle St Mesmin !

Mauricette : Voyons mes petits bambins, je ne suis tout de même pas aussi vieille que cela ! Non, il y a soixante ans nous étions en 1793, et c'était la révolution française. Onze mois plus tôt, notre roi Louis le seizième perdait la tête.

Roseline : Quoi, il est devenu fou ?

Firmin : Vraiment, c'est toi qui es bête ! Il a été guillotiné Louis XVI !

Mauricette : Allons, allons, les enfants, calmez-vous ! Écoutez moi plutôt.(elle marque une pause) Tout a commencé par un froid matin de décembre, dans ce village de La Chapelle St-Mesmin...

Chœur et assemblée : chant au choix

SCENE 2 :

[Mauricette jeune ; Louisette ; Gaston ; père Timothée]

Mauricette et père Timothée se situent près de l'orgue.
Louisette est d'abord devant l'autel, où elle pose des paniers de légumes, puis elle se déplace. Elle jette un coup d’œil au niveau des transepts, elle rentre dans les rangs, elle semble chercher quelqu'un parmi la foule (peut dire des « Aha ! Ah non... » ou des « Où est-ce qu'elle peut bien être ? »).
Au bout d'un moment, Mauricette fait signe à Louisette depuis l'orgue.

Mauricette : Coucou Maman ! Regarde où je suis !

Un « espion » qui se cache dans l'assemblée donne le micro à Louisette.

Louisette : Mauricette, ma petite viennoiserie, redescends tout de suite et prends garde à ne point tomber, tu risquerais de te rompre le cou !

Mauricette : D'accord Maman, j'arrive !

Mauricette et Père Timothée descendent. Père Timothée reste au fond de l'église. Mauricette court rejoindre Louisette qui la prend par la main et l'emmène devant l'autel.

Mauricette : Tu sais Maman, tout à l'heure, je suis rentrée dans l'église pour voir comment c'était et j'ai rencontré un gentil monsieur.

Louisette (sans écouter vraiment) : Ah oui, vraiment ? Et comment s'appelait-il ?

Mauricette : Timothée.

Louisette (sans écouter vraiment) : Bien sûr. (elle lui tend des courgettes)Tiens, prends ces courgettes et rentrons à la maison pour préparer le repas.

Mauricette (elle prend les courgettes) : Oui Maman.

Louisette reprend ses paniers.

Mauricette : Au fait Maman, monsieur Timothée n'a pas de lieu où dormir. Peut-être qu'on pourrait l'héberger puisque nous avons suffisamment de place chez nous.

Louisette : Oui, c'est ça. On verra avec ton père. D'ailleurs, le voilà qui arrive.

Gaston (arrivant du transept) : Ah vous voilà ! J'ai réussi à débusquer un superbe lapin dans les champs qui longent la Loire. J'ai pensé que nous pourrions le manger à l'occasion du culte de la raison.

Louisette (d'un air outré) : Voyons, Gaston, ne me dis pas que tu approuves cette célébration ridicule instaurée par la Révolution ! Nous fêterons Noël comme d'habitude, un point c'est tout. J'espère seulement que nous pourrons trouver un prêtre pour célébrer la messe. Car je refuse d'aller voir un prêtre qui a juré fidélité à la Constitution.

Gaston : Écoute ne sois pas si difficile, Louisette. Nous aurons ce que nous aurons, tant pis si nous devons aller dans le temple de la Raison assister au culte présidé par un prêtre assermenté.

Mauricette : Papa, j'ai rencontré un certain Timothée qui a besoin d'un logement, or je sais que tu avais besoin de quelqu'un pour traire les vaches. Nous pourrions l'héberger, non ?

Gaston : Présente-le nous d'abord !

Mauricette : Pas de problème, je l'appelle. (elle crie) Monsieur Timothée, venez voir !

Père Timothée s'avance dans la nef et rejoint le petit groupe.

Père Timothée : Enchanté de faire votre connaissance. J'imagine que vous êtes les domestiques de Mauricette, puisque la petite m'a dit qu'elle était toujours accompagnée par des valets.

Gaston (au père Timothée) : Euh non... Nous sommes ses parents. (à Mauricette) Voyons Mauricette, qu'as-tu été raconter au monsieur ?

Mauricette : Ben, je sais pas, vous m'aviez dit, il y a quelques années, qu'avoir des domestiques ça faisait chic.

Louisette : Mais, mon pain de seigle, les temps ont changé. Avoir des domestiques et s'en vanter, c'est vouloir finir sa vie prématurément, place du bourg.

Mauricette : On devient marchand alors ?

Louisette : Non, ma tourterelle argentée, on a la tête coupée.

Père Timothée : Excusez-moi pour ce quiproquo. Il est difficile de vivre en ce mois de nivôse. Sauriez-vous où je pourrais trouver un emploi et être hébergé ?

Louisette : Vous pourriez venir chez nous. D'ailleurs, Gaston, ne voulais tu point une aide pour t'occuper des vaches ?

Gaston : Bon, bon, c'est d'accord. Suivez moi.

Ils partent tous côté jardin.

Chœur et assemblée : au choix

SCENE 3 :

[Citoyen Bonain ; Citoyen Bloudit ; Perrine]
La scène se situe dans la rue.
Les deux Citoyens arrivent côté cour.

Citoyen Bloudit: Dis-moi, Citoyen Bonain, ne trouves-tu pas que les exécutions se raréfient ces temps-ci.

Citoyen Bonain : C'est vrai, ce mois-ci, nous n'avons exécuté qu'un vieux couple d'aristos !

Citoyen Bloudit : En même temps, ce village n'est pas commode, personne ne veut dénoncer son voisin ! Si nous ne trouvons pas bientôt une nouvelle personne à arrêter, nous serons renvoyés par le Comité Révolutionnaire.

Citoyen Bonain : Ah, tu l'as dit, Citoyen Bloudit ! Mais n'as-tu point entendu ce que disait le Citoyen Quetède il y a peu ? Il nous faut maintenant nous focaliser sur la traque au prêtre réfractaire. Cette vermine pullule de trop !

Citoyen Bloudit : Tu as raison, et je suis certain qu'il y en a ici-même dans ce village... (il scrute l'assemblée d'un air sournois en tournant la tête de gauche à droite)

Perrine arrive côté jardin, un panier rempli de draps à la main.
Citoyen Bonain : Salut, citoyenne Perrine, comment ça va la santé ?

Perrine (lâchant son panier, en mode commère) : Oh, moi, ça va ! Par contre, mes maîtres...

Citoyen Bloudit : Tes maîtres ? Tu parles du citoyen Gaston et de la citoyenne Louisette ? Qu'ont-ils donc fait ? (en apparté) Qui me serait profitable !

Perrine : Eux rien ! Mais l'empoté qu'ils ont embauché récemment, ce Timothée, risque de les ruiner ! Voyez-vous, il ne travaille quasiment jamais ce vaurien ! Chaque heure, il s'arrête pour chanter ou lire son livre !

Citoyen Bonain : Vraiment ? Et que lit-il donc pour être si passionné  ?

Perrine : Ah, ça vous intéresse n'est-ce pas ? Mais je pense que cette information nécessite un dû.

Citoyen Bonain : Parle, citoyenne, nous te paierons après !

Perrine : Jamais citoyen, ne met pas le service avant l'argent.

Citoyen Bloudit : Soit, citoyenne, voilà l'argent (il lui donne quelques pièces) Parle maintenant !

Perrine (elle empoche l'argent) : Eh bien, vous n'en croirez pas vos oreilles. Ce Timothée s'amuse à lire un livre de prière !

Citoyen Bonain : Un livre de prière... (les deux citoyens ricanent) Eh bien, citoyen je crois qu'une petite perquisition s'impose !

Perrine : Ho là, n'allez pas leur dire que c'est moi qui vous ai dit ça !

Citoyen Bloudit : Ne t'inquiète pas citoyenne, nous trouverons par nous même un moyen de le piéger !

Perrine : Si vous le dîtes. Moi, j'ai rien dit, et je m'en retourne laver le linge !

Perrine s'en va côté cour.

Citoyen Bonain : Eh bien, nous qui désespérions,voici une affaire qui va sauver notre carrière !

Citoyen Bloudit : Certes ! Rendons nous vite dans cette maison qui m'a l'air remplie de cachottiers.

Ils s'en vont côté jardin.

Chœur et assemblée : « Bénissez le Seigneur » de Taizé (désolé cette fois c'est déjà choisi). Au milieu du chant, père Timothée (ou sa doublure) prend le relais du chantre pour les soli et, à la fin, se retrouve seul à chanter. Il pourra ponctuer le chant par le couplet suivant : "Et toi, petite Mauricette, bénis bien le Seigneur"

SCENE 4 :

[Gaston ; Louisette ; Mauricette ; Père Timothée ; Perrine ; Citoyen Bloudit ; Citoyen Bonain)]
Père Timothée est en train de chanter « Bénissez le Seigneur » (éventuellement en play-back si l'acteur refuse de chanter), un livre de prière à la main.

Vers la fin du chant Mauricette arrive côté jardin et s'assoit sur la marche la plus haute pour écouter Père Timothée.

Mauricette : Ce que vous chantez bien alors ! Où c'est que vous avez appris ?

Père Timothée : Mmm... je vais d'abord te poser une question. Est-ce que tu sais ce qu'est un prêtre ?

Mauricette : Ben oui, quelle question ! J'en vois chaque dimanche ! Mais maman dit que ce ne sont pas de vrai prêtres parce qu'ils n'ont pas été assez forts pour rester fidèle au pape.

Père Timothée : Eh bien mon enfant, sache que tu as devant toi un prêtre qui a décidé de rester fidèle à la Sainte Église.

Mauricette (ébahie) : Comment ?! Mais est-ce que ce n'est pas très dangereux ?

Père Timothée : Si, évidemment, être prêtre réfractaire ce n'est pas facile tous les jours. Mais j'ai donné ma vie pour Dieu, or je sais que la grandeur de l'homme est sa fidélité, et pour m'aider, je demande l'aide de l'Esprit-Saint. Mais passons ces détails, quelle était ta question ?

Mauricette : Où avez-vous appris à chanter si bien ?

Père Timothée : Au séminaire, l'endroit où on forme les prêtres.

Gaston et Louisette arrivent côté jardin.

Louisette : Ah, père Timothée, nous vous cherchions justement !

Mauricette : Comment vous savez qu'il est prêtre ? C'est censé être un secret !

Louisette : Le père Timothée nous l'a dit en s'installant chez nous, ma tendre brioche. Il n'a pas voulu nous mettre en danger sans que nous le sachions.

Père Timothée : Certes, certes... En quoi puis-je vous être utile ?

Gaston : Demain, c'est Noël ! Voudrez-vous bien célébrer la messe pour nous et les quelques villageois qui refusent les prêtres assermentés ?

Père Timothée : Bien sûr ! Mais je crains de ne pouvoir le faire dans l'église, sous peine d'être immédiatement arrêté.

Louisette : Ne vous inquiétez pas, vous pourrez la célébrer dans la grange, ainsi il y aura suffisamment de place pour tout le monde.

Perrine arrive côté cour.

Perrine : Voici votre linge, citoyenne Louisette.

Elle lui tend le linge.. Louisette le prend.

Louisette : Merci Perrine, mais vous pouvez arrêter de m'appeler citoyenne.

Perrine (d'un ton méprisant) : Je ne crois pas, citoyenne Louisette. Depuis le triomphe de la République, nous sommes tous citoyens, et devons le montrer.

Gaston (soucieux d'éviter un conflit) : C'est cela, c'est cela... Dites-moi, Perrine, si vous avez le temps, pourriez-vous préparer un de vos gâteaux si exquis pour demain ?

Perrine : Vous voulez parler de ma tête de Marie-Antoinette à la praline ?

Gaston : Euh... non... je parlais plutôt d'une simple bûche de Noël.

Perrine (d'un ton dédaigneux) : Très Bien, citoyen Gaston.

Gaston : Quant à vous, Timothée, je crois que la grange a grand besoin d'être nettoyée, si vous voyez ce que je veux dire...

Père Timothée : N'ayez pas d'inquiétude, Gaston, je m'en occupe.

Gaston et Louisette s'en vont côté cour. Les citoyens Bonain et Bloudit arrivent en armes depuis le fond de l'église.

Perrine : Tiens, tiens, voilà les citoyens qui arrivent ! On dirait bien qu'ils vont arrêter quelqu'un.... Alors, je vous laisse !

Perrine s'en va côté jardin.

Père Timothée (à Mauricette) : Vite, cache toi, Mauricette !

Mauricette se cache dans l'assemblée, dans les premiers rangs après le transept.
Les citoyens Bonain et Bloudit interrogent les gens dans l'assemblée pour leur demander s'ils n'ont pas vu les citoyens Gaston et Louisette, par hasard. Ils finissent pas arriver devant l'autel.

Citoyen Bonain (au père Timothée) : Bonjour, citoyen ! N'aurais-tu pas vu, par le plus grand des hasards, le citoyen Gaston et la citoyenne Louisette ?

Père Timothée : Que leur voulez donc en cette veille de Noël ?

Citoyen Bloudit : Les arrêter, pardi !

Citoyen Bonain (lui donnant un coup de coude) : Eh oh, je te rappelle qu'on est en mission top secrète.

Citoyen Bloudit : Bah, ça va, le citoyen ne dira rien ! N' est-ce pas citoyen ?

Père Timothée acquiesce et grommelle dans le micro.

Citoyen Bloudit : Vois-tu, citoyen, nous les soupçonnons fortement de cacher chez eux un prêtre réfractaire !

Citoyen Bonain : Comme tu le sais, les exécutions se font de plus en plus rares. Nous avons donc reçu des ordres clairs de la part du comité Révolutionnaire : nettoyer la population de tous ses traîtres.

Père Timothée : Vous considérez donc Gaston et Louisette comme des traîtres.

Citoyen Bloudit : Roh, comme tu y vas ! Ce ne sont pas vraiment des traîtres. Le vrai traître, c'est le prêtre qu'il cache. Eux, ce ne sont que des complices.

Citoyen Bonain : Sauf qu'avec nous, les complices sont châtiés tout comme les traîtres ! (il ricane)

Père Timothée : Mais alors, en fait, pourquoi considérez-vous ce fameux prêtre comme un traître à la République ?

Citoyen Bonain : Il a refusé de prêter serment à la Constitution, il a donc trahi la Nation, voilà tout !

Père Timothée : Ne pensez-vous pas qu'il est préférable pour l’Église qu'elle soit dirigée par l'Esprit-Saint plutôt que par une Assemblée Nationale ?

Citoyen Bloudit : Serais-tu contre la République, citoyen ?

Père Timothée : Absolument pas, je ne dis pas cela par opposition politique, mais par conscience. La religion ne peut pas être dirigée par des hommes qui non seulement ne se laissent pas guider par Dieu, mais qui en plus le rejettent catégoriquement !

Citoyen Bonain : Balivernes, ce ne sont que des balivernes ! Ne serais-tu pas ce prêtre que nous recherchons ?

Perrine (surgissant) : Si, c'est lui ! Depuis tout à l'heure je vous écoutais, mais c'en est trop, emprisonnez-le, si vous ne voulez pas qu'il vous échappe !

Mauricette (surgissant à son tour) : Non, ne l'emmenez pas à la guillotine, il n'a rien fait de mal !

Citoyen Bloudit : Je vois que notre affaire prend rapidement de l'ampleur. Va donc chercher tes parents jeune fillette, je crois que nous avons quelque chose à leur dire !

Chœur et assemblée : La tension monte sur scène entre les différents protagonistes. Le père Timothée arrivera-t-il à s'en sortir ? La suite juste après notre pause chant !

SCENE 5 :
[Gaston ; Louisette ; Mauricette ; Père Thimothée ; Perrine ; Citoyen Bloudit ; Citoyen Bonain)]
Tout le monde est sur scène, sauf Mauricette et ses parents qui arrivent côté cour.

Gaston : Que se passe-t-il donc ici ? Pourquoi ma petite Mauricette nous a-t-elle fait venir ?

Citoyen Bloudit : Il se passe que vous êtes des traîtres à la Patrie, et que vous avez hébergé chez vous la pire vermine qui existe, un des adorateurs de ce dieu pouilleux !

Tous sont horrifiés et poussent une exclamation.

Père Timothée (sans perdre son calme) : Pourquoi dis-tu cela, mon fils ?

Citoyen Bloudit (parlant d'un ton dédaigneux) : N'est-ce pas toi -même qui racontais à chaque messe de Noël que ton Dieu est né dans une grange ?

Citoyen Bonain : Oui, et avec un bœuf et un âne pour sage-femme(il s’esclaffe) !

Père Timothée : Effectivement, vous avez d'un certain point de vue, parce que Jésus est réellement né dans la misère. Il a habité parmi nous, il a accepté de se faire tout petit, Lui qui est pourtant Dieu.

Perrine : Quoi ? Et tu crois à ces balivernes ?

Gaston : Comment oses-tu traiter cela de « balivernes » ? Nous avons reçu cette foi de nos parents. Par respect pour eux, nous devons toujours y croire !

Père Timothé : Ce n'est pas tout à fait comme cela que tu dois voir la foi. Si Jésus est venu sur Terre, c'est pour chacun d'entre nous. Dieu t'aime tant qu'il a envoyé son fils unique pour (il insiste sur « te ») te sauver, et Il a voulu te laisser libre de croire en Lui ou non. C'est donc son Amour qui doit te pousser à croire et non ta fidélité envers tes parents.

Citoyen Bloudit : Cesse donc de jacasser et réserve tes belles paroles pour la guillotine !

Citoyen Bonain : Non, il n'est pas obligé d'être envoyé à la guillotine s'il décide de prêter serment, il peut encore vivre !

Père Timothée : Je refuse une vie dans laquelle j'aurais renié le Seigneur ! Lui, Il a accepté de sacrifier sa gloire et sa puissance pour devenir un pauvre parmi d'autres, je ne peux qu'essayer de l'imiter en sacrifiant sa vie pour son Amour.

Citoyen Bonain : Tu as certes raison, mais nous devons nourrir nos familles.

Citoyen Bloudit (enchaînant aussitôt) : Et donc, pour cela, t'emmener à la guillotine.

Père Timothé : Faites ce que vous avez à faire. Je ne m'y opposerai pas.

Ils font un geste pour l'emmener.

Mauricette : Non ! Vous n'avez pas le droit. En quoi, est-ce qu'être fidèle à quelqu'un mérite la mort ? Père Timothée n'est ni un brigand ni un criminel, ou alors son seul crime serait de trop aimer l'humanité et Dieu en se consacrant entièrement à leur service.

Citoyen Bonain (ébranlé, il recule et bafouille, puis parle normalement) : Ah tes paroles sont vraies petite Mauricette. Elles ont trouvé un chemin jusqu'à mon cœur trop endurci. et je ne peux pas continuer à vivre comme je le faisais jusqu'alors. J'aimerais assister à la messe de minuit. Où se déroulera-t-elle ?

Les parents de Mauricette se retournent vers Père Timothée.

Père Timothée : C'est bon, vous pouvez leur dire.

Gaston : Restez donc avec nous, nous allons vous montrer le chemin.

Citoyen Bonain : Viendras-tu adorer le Christ, citoyen Bloudit ?

Citoyen Bloudit : Vos paroles sont bien belles, mais je ne peux les accepter tout de suite ? N'ayez crainte, je ne vous dénoncerai pas. Je reviendrai peut-être.

Chœur et assemblée : chant au choix ou simple jeu d'orgue si l'on trouve que l'on a trop chanté

SCENE 6 :

[Mauricette vieille ; Firmin ; Roseline]
Mauricette est située au centre sur une chaise. Les deux enfants sont assis autour d'elle.

Mauricette : Et voilà, mes petits enfants ! Ce Noël n'était pas parti pour être le plus beau, mais les temps rudes nous ont permis de vivre véritablement notre foi, en osant célébrer Noël malgré le danger.

Firmin : Surtout que les méchants se sont convertis !

Mauricette : Tu as raison. C'est sans doute là qu'était ma plus grande joie.

Roseline : Mais alors que sont devenus tous ces gens ?

Mauricette : Père Timothée a continué à se cacher de ferme en ferme, jusqu'à ce que les temps lui permettent d'affirmer son statut au grand jour. Quant à Bloudit, ébranlé par ce soir de Noël, il n'a pas tardé à faire un pèlerinage à Rome où il finit ses jours au Vatican au service de Pace Mundi, une association qu'il a fondé et qui lutte pour la paix dans le monde.

Firmin : Et Bonain ?

Mauricette : Le Citoyen Bonain a aidé des prêtres réfractaires, avant de partir pour la Chine en tant que missionnaire.

Roseline (ravie par cette histoire) : Oh, tante Mauricette, comme j'aimerais vivre un Noël comme celui-ci !

Mauricette : Mais vous le pouvez mes enfants, où qu'il soit fêté, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous le fêtons, Noël reste toujours Noël ! Allez, venez avec moi pour célébrer la naissance de notre Sauveur !

Ils s'en vont côté jardin.

Chœur et assemblée : chant au choix ou intermède musicale

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